Ils on dit …

Quelques propos savoureux sur la musique de film, et pour la plupart, recueillis par Gréco Casadesus.

On est au service du réalisateur, c’est son film, c’est lui qui est le maître à bord.

Si on arrive à être à la hauteur du film qu’on nous confie, la partie est gagnée !

Francis Lai (Un homme et une femme, Love Story, Les Uns et les Autres) – 1 Oscar pour Love Story

– Michael Haneke, pourquoi refusez-vous d’inclure de la musique dans vos films ?

– Je n’en vois pas l’utilité. A quoi bon souligner une séquence avec de la musique? (…) En règle générale, les réalisateurs en mettent pour cacher les défauts de leur scénario ou de leur mise en scène. Quand une séquence ne fonctionne pas, on ajoute un morceau et on crée l’émotion ou le suspense. Je trouve cela assez dégueulasse.

Michael Haneke, réalisateur (La Pianiste, Caché, Le Ruban blanc) – 1 Oscar pour Amour

– Magnifique cette musique ! Quelle force, quelle puissance, quelle mise en valeur par ces 50 musiciens. La mer devient un acteur à part entière ! Bravo ! Tu as sauvé mon film !

– Merci. Je crois en effet que c’est l’un de mes plus beaux thèmes

Dix jours après …

– Au fait, je voulais te dire : …cette musique était vraiment trop envahissante. On n’a pas pu l’utiliser et on a gardé que la mer.

Un réalisateur anonyme

J’ai été un peu traumatisé par un compositeur très très connu et j’ai travaillé avec lui de telle sorte que j’ai eu le sentiment pendant longtemps que sa musique ou sa contribution musicale avait niqué mon film, à 100 %.

Benoit Jacquot, réalisateur (Tosca, Villa Amalia, Les Adieux à la reine) – 3 Cesar pour Les Adieux à la reine et 1 César pour Le journal d’une femme de chambre

On met (au montage) des musiques temporaires qui ont couté des millions de dollars et on nous demande avec des machines de faire la même chose ! Ça n’a pas de sens : on ne demande pas à un réalisateur de filmer le naufrage du Titanic avec une GoPro dans le bassin des Tuileries !

Erwan Kermorvant, compositeur (Mais qui a tué Pamela Rose ?, Les Lyonnais, Bronx)

J’espère toujours que la musique que j’écris tiendra le choc de l’absence de l’image.

Une musique de film réussie est une musique qui pousse le film dans ses retranchements et qui fait apparaître l’invisible.

Alexandre Desplat, compositeur (The Grand Budapest Hotel, La Forme de l’eau, Pinocchio) – 2 Oscars et 3 César

Des petits thèmes simples qui parlent clairement et sans obscurcissement sont très difficiles à trouver et très difficiles à faire. Ils sont vraiment le résultat d’un travail considérable. C’est presque comme le ciselage (…)

Un morceau simple peut être fait de dizaines de façons. Si vous en trouvez un, il semble que vous ayez découvert quelque chose qui voulait être découvert.…

John Williams, compositeur (Star Wars, Indiana Jones Adventure, La Liste de Schindler) – 5 Oscar

Pour atteindre le cœur même des spectateurs, la musique est un des outils ou leviers dont je dispose. La musique devient au montage un élément important de la mise en scène, elle a le pouvoir de révéler davantage la puissance émotionnelle qu’une scène contient intrinsèquement.

Parfois, c’est la musique qui, de par sa charge émotionnelle, contamine une scène jusqu’à ses personnages et donne à la séquence une dimension dont le montage, à lui seul, ne pouvait rendre pleinement compte.

Laure Gardette, monteuse (Polisse, Tout s’est bien passé, Novembre) – 1 César

La musique de film ne peut réussir que si le film a du succès et si le film est un bon film qui inspire suffisamment le compositeur.
Le silence est important dans la musique, en général, mais dans la musique de film en particulier.

Jean-Claude Petit , compositeur (Jean de Florette, Manon des sources, et Cyrano de Bergerac) 1 César

Je pense qu’il y a une relation très forte entre la musique et la lumière. Il y a des lumières qui imposent une certaine densité musicale, un certaine tonalité.
Avec la musique on peut donner une grande sensation de violence avec des choses extrêmement douces ; la douceur est parfois plus dérangeante que des accords stridents.

Bruno Coulais (Microcosmos, Himalaya, Les Choristes) – 3 César

Même s’il me semble que c’est un métier qui est presque à réinventer avec chaque nouveau film, oui c’est sûrement un métier !
L’essentiel, c’est qui tu es, ta personnalité, ta sensibilité : car on ne peut pas se créer !

Martin Wheeler, compositeur autodidacte (Seule autour du monde, Soy Libre, Michael Kohlhaas) – 1 César

Pour la musique, la difficulté c’est d’être autonome par rapport à l’image et en même temps, être avec l’image : c’est compléter en apportant et ne pas être un effet décoratif.

Marin Karmitz, exploitant (MK2), distributeur, producteur et réalisateur français (Trois couleurs, l’Enfer, La Pianiste) – 1 César, plusieurs prix au Festival de Cannes

Économiquement, tout s’est cassé la figure et un jour, on m’a dit : t’avais 70 000 tu n’as plus que 40 000 ! Donc, on a été obligé de se servir des banques (d’instruments virtuels). C’est à la fois amusant, intéressant, et en même temps, un peu frustrant…
Ce que j’essaye de faire, c’est un scénario musical parallèle au scénario du film. C’est surement plus intéressant que si on colle à l’image un peu bêtement…

Maintenant tout le monde peut faire de la musique de film, même mal !

Eric Demarsan , compositeur (L’Armée des ombres, Le Cercle rouge, Les Témoins)

– Pensez vous que l’apport de la lutherie électronique est important pour l’image ?
– Absolument oui. Il est important que les compositeurs tiennent compte de l’utilisation des instruments « extra musicaux » dans le cinéma

Ennio Morricone, compositeur ( Le Bon, la Brute et le Truand, Mission, Les Huit Salopards) – 2 Oscars

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